ATP65:Le cinquième milieu opérationnel

Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale a consacré un chapitre important à la cyberdéfense, identifiant officiellement pour la première fois le cyberespace comme un milieu opérationnel (au même titre que la mer, la terre, l’air et l’espace) et un « champ de confrontation à part entière ». Il est ainsi recommandé d’augmenter les effectifs humains alloués à la lutte contre les cybermenaces, concevoir et développer des dispositifs de sécurité « en toute autonomie », de disposer de capacités « d’actions offensives » ainsi qu’une cyberarmée de réserve rassemblant jeunes informaticiens, hackers patriotes et anciens militaires.

Cette section devrait être de lecture relativement aisée pour un ingénieur.

Ce "cinquième milieu" nous est devenu ubiquiste, pervasif et d'usage banal et d'une préoccupation fonctionnelle, opérationnelle et de sécurité quotidienne. Pour cela nous nous basons sur une compréhension de ce que l'on appelle d'utilisateur final. C'est du même niveau que de vouloir remplacer la Marine par des Garde-Côtes.

Pour le mesurer, le cyberespace est l'addition :

• du catenet :

"le réseau des réseaux" (Louis Pouzin, Inria) : le plus important investissement industriel de l'homme. L'ensemble du "hardware" des datacommunications. Son rôle est de commuter de bout en bout des signaux électromagnétiques binaires regroupés en "datagrammes" (télégrammes binaires).

• de l'internet :

les standards de l'internet sont appelés des "RFC" (Request For Comment). Elles sont publiées par l'IETF (Internet Engineering Task Force) à travers des groupes de travail identiques à ce site :

• des Groupes de Travail utilisant le même logiciel de liste de discussion ;
• des réunions face à face occasionnelles.

• de l'intersem :

il s'agit de la construction mentale du réseau dit "noétique", à intégration de services étendus (abduction néguentropique des contenus échangés) pour lequel la réflexion architecturale est limitée depuis 1978 et tacitement bloquée depuis 1986 faute de maîtrise de philosophie politique et juridique d'un "Etat post-moderne en réseau" capable de l'assimiler.

Le plus simple pour comprendre la nature de l'internet est de s'amuser à parcourir (en français) la RFC 1958 qui ne définit rien moins que les principes de l'internet (pour qu'un tel "truc" marche, il doit être KISS : keep it simple, stupid) : c'est très compréhensible, mais aussi très ouvert.

• d'une pratique télématique ("cotière") :

(dite client final/serveur) où chacun peut accéder les prestations de son choix :

• sur des serveurs : une machine ou un nuage de machines que l'on appelle pour en obtenir un service selon un protocole défini par ses RFC (il en existe des dizaines, pour chaque type d'application)

• à partir de ses "clients" : les processeurs personnels (PC, portables, boîtes TV, téléphone [le téléphone est maintenant sur Internet]).

• les grandes applications générales comme le mail, le web, le chargement de fichier.
• les applications privées principalement fournies par les "GAFGov" et des start-up visant à s'y intégrer.

• d'une pratique multimatique ("hauturière")

où chaque système est autonome (stand-alone systems) et à la fois et client et serveur. Diverses architectures sont possibles.

• d'une pratique "pair à pair" (autonomie simulée)

où l'on simule une approche multimatique sous une approche télématique : on connecte deux systèmes entre eux, mais à travers un système tiers (ex. téléphones portables).

• de services étendus : (post-shannon)

il s'agit de services aux contenus échangés eux-mêmes. Ils relèvent d'une intelligence interne au réseau lui-même.

Ils m'ont été stratégiquement bloqués en 1986 ; on les a rendus possibles à l'IETF par l'architecture OPES - Open Pluggable Edge Services vingt ans plus tard.

• de la multitude : (vobis et multis)

le cyberespace est par définition une mise en relation globale des autonomies naturelles par celles des artificielles. Cette mise en réseau (diktyologie, du grec : δίκτυο, réseau) est celle de cette "agorique" (comme sur l'agora) multilatérale (concertée/cacophonisée entre les chacuns de nous et nos machines) qui est la marque de notre temps. Nous ne sommes pas si vieux que nous ne puissions pas en profiter ! et la faire profiter de notre expérience !

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